vendredi 22 janvier 2010

Le bon coté de l’affaire Henri Proglio,

Les référents, le poids de l'opinion publique, le cumul et les gardes fous en temps de crise

A la veille d’élections régionales, les couteaux sont aiguisés et les troupes se mettent en ordre de bataille. Cela ne nous empêche pas de réfléchir et d’analyser les questions d’actualité en attendant le temps de l’évaluation et des décisions post électorales.

L’affaire Proglio : un triple bénéfice

Nous pouvons comprendre qu'à ce niveau de responsabilité, un dirigeant d’entreprise occupant des fonctions hautement stratégiques et importantes et dont la seule signature engage des sommes colossales doit disposer de revenus honorables le mettant largement à l'abri du besoin.
En temps de richesse, de croissance continue, cela n'aurait posé aucun problème tant que la limite de la décence est respectée.
Seulement voilà, nous vivons une situation économique fragilisée dans un contexte mondialisé et nous ne pouvons présager convenablement d’un quelconque pronostic. Des déclarations ont été faites et des mesures importantes ont été prises par le gouvernement pour sortir de la crise et préparer les conditions d’une reprise de la croissance. Parmi ces mesures, la lutte contre les paradis fiscaux, la taxation des bonus exorbitants et la régulation des finances et des banques.
La déclaration d’une double rémunération de la part d’Henri Proglio présente paradoxalement un triple bénéfice. De par le tollé qu’elle suscite, elle vient à point pour confirmer la justesse et la popularité de ces mesures, elle constitue un catalyseur pour consolider leur application et enfin elle ouvre la voie à la réflexion et à des décisions sur la question sensible des cumuls des fonctions et des mandats dans nos institutions et non pas seulement celui d’Henri Proglio comme le demande la gauche .. On ne peut y échapper dans le futur. Cette déclaration, venue à contre courant du discours politique, est incomprise et non acceptée par une opinion publique qui, par ailleurs et dans son ensemble, porte un préjugé favorable aux efforts de relance de l’économie.

Le poids de l'opinion publique sur le politique
Il n'y a aucune commune comparaison avec celui des décennies précédentes. Graçe au développement des nouvelles technologies de l'information, la vitesse et la diversité de l'information font que le poids de l'opinion publique sur le politique devient considérable. On en imagine les conséquences sur tous les leviers. Les politiques se doivent d'être avisés de ce changement afin d'éviter les surprises. Obama, contrairement à tous les pronostics et malgré l'obstacle des lobbies, doit, en bonne partie, son élection à la charge suprême parce qu'il a compris et anticipé le phénomène. La transparence devient une exigeance. Dans 10 ans, les urnes disparaitront, le monopole de l'information s'éteindra si ce n'est déjà fait et les électeurs, plus alertes, voteront de chez eux. Le "vote citoyen" sera plus puissant que le "vote parti" ou celui "des réseaux traditionnels". Les campagnes électorales se feront en partie à travers le net. Les coups tordus aussi. Henri Proglio, qui fait partie de notre élite, a entendu l'opinion publique et a enfin renoncé à sa double rémunération. C'est un bon début …. Nos référents se doivent d’être en avance et sur le front pour donner l’exemple.

Le choix des hommes et des équipes, une donnée fondamentale en temps de crise ?

Nous sommes confrontés à de grands défis et naviguons encore en pleine tempête dont on ne peut mesurer ni la durée, ni l’évolution de son intensité. Cette situation particulièrement difficile exige des choix d’actualité. Le plus important d’entre eux est le choix des hommes et des référents. Les hommes qu’il faut, à la place qu’il faut et dans le contexte approprié. En période de guerre, parce qu'il s'agit là d'une grande bataille, nos élites doivent être des référents, des exemples responsables et responsabilisés. La France dispose de suffisamment de talents pour revoir la problématique du cumul des fonctions et de certains mandats dans toutes nos institutions.
En temps de guerre, l'aristocratie politique se transforme en officiers de choc et à défaut se doit de leur céder la place, le temps de la crise ou du conflit. En politique, la mise en route de telles mesures est délicate, elle nécessite la compréhension, le sens des responsabilités et l'adhésion des concernés mais elle doit être prise en compte tôt ou tard. La compétence prend également toute sa place dans l'épreuve, à défaut l’on risque de se retrouver seul face aux décisions. « Les vrais amis sont aussi ceux qui m’enrichissent spirituellement et intellectuellement, me renforcent en rassemblant davantage autour de moi et me rassurent psychologiquement par la confiance et la sérénité qu'ils m'apportent».

Il n’y a pas de décentralisation ou d’autonomies réussies en moyen ou long terme sans systèmes d’évaluation rigoureux
Notre pays a engagé de grandes réformes pour la modernisation de ses institutions et nous y avons mis de grands moyens. Nous devons les réussir et les mener à bon terme coûte que coûte. Nous n’avons pas le choix. J’ai suivi les travaux de certaines commissions, pour « le grand emprunt », pour la « réforme des collectivités territoriales ». De grands projets et investissements sont lancés dans le cadre de la relance. Ils sont justifiés et nécessaires. La majorité a fait au mieux pour cette première étape. Nous devons nous assurer maintenant de leur donner le maximum de chances de réussite. Au vu de ma modeste expérience passée avec les collectivités qui, rappelons le, gèrent 72% des investissements nationaux et qui ont bénéficié de finances supplémentaires en 2009 dans le cadre du plan de relance, je pense nécessaire la mise en place de cellules de veille pour le choix, le suivi et l'évaluation critique en temps presque réel de chacun des projets financés. Elles doivent être indépendantes des gestionnaires de ces projets et privilégier parallèlement les investissements créateurs de richesse nationale et d’emplois. Les PME, TPE bases de notre tissu économique, les incubateurs et pépinières d’entreprises doivent disposer d’une sollicitude approfondie parce que c’est eux les grands pourvoyeurs de demain, du talent et du savoir-faire mais aussi de nouveaux emplois du privé en particulier des jeunes. La décentralisation et l’autonomie économiques et financières sont une excellente chose à la condition qu’elles soient accompagnées de structures d’évaluation et de contrôle adéquates et indépendantes. L’état, parce qu’il est le dernier recours en cas de difficultés en amont, doit disposer d'un réel droit de regard en aval.

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