La France en guerre contre ses enfants
Source : Mediapart : http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-alain/240115/la-france-en-guerre-contre-ses-enfants
24 janvier 2015 | Par
philippe
alain
En Arabie Saoudite, on condamne les blogueurs à 1 000
coups de fouet et 10 ans de prison pour « insulte à
l’Islam ». En France socialiste, on arrête les
enfants et on les enferme avant de les mettre en examen pour
« apologie du terrorisme ».
Depuis les attentats du 7 janvier, un vent de folie collective
s’abat sur la France. Le ministère de l’injustice, recense
plus de 100 procédures ouvertes pour « apologie du
terrorisme », soit environ 10 par jour si on laisse le
dimanche aux procureurs pour compter leurs scores respectifs dans
cette nouvelle course aux chiffres surréaliste. 30 personnes
ont déjà été condamnées, soit plus
qu’au cours des 20 dernières années. Amnesty
International, Human Rights Watch et le syndicat de la magistrature
dénoncent cette dérive totalitaire. Ils sont bien les
seuls.
Le Patriot Act à la française avait été
voté juste avant les attentats
C’est la loi du 13 novembre 2014 qui permet à notre
grande démocratie d’arrêter, d’enfermer et de
condamner en comparution immédiate tous ceux qui ont le
malheur de dire quelques mots de trop, à commencer par les
enfants.
Dans son article 421-4-5, cette loi instaure un délit pénal
d’apologie du terrorisme qui est puni de 5 ans
d’emprisonnement et 75 000 € d’amende. (1) L’utilisation
d’Internet est considérée comme une circonstance
aggravante punie de 7 ans de prison et 100 000 euros d’amende.
Le 12 janvier, Christiane Taubira s’est empressée
d’envoyer une circulaire appelant les procureurs à une
« grande fermeté » pour toutes les
infractions commises à la suite des attentats.
Pour ceux qui avaient encore un doute sur l’indépendance
de la justice, ils sont levés. Les procureurs représentent
bien le bras armé du pouvoir politique socialiste, plus
personne ne peut en douter.
Les enfants particulièrement ciblés.
Outre une série impressionnante de condamnations allant
jusqu’à de la prison ferme pour des personnes en état
d’ébriété, un déficient mental, un
chauffard, une mère de famille, des employés
municipaux, les enfants sont devenus la cible privilégiée
de nos dirigeants bien décidés à terroriser tout
le pays.
Nantes. Une jeune fille prend le tramway avec ses sœurs et une
amie. Des contrôleurs se présentent et demandent leur
titre de transport. Après une altercation verbale, la plus
jeune leur lance « On est les sœurs Kouachi, on va sortir
les kalachnikovs ». Les contrôleurs appellent la
police, elle est mise en garde-à-vue puis présentée
à un juge en comparution immédiate qui la met en examen
pour apologie du terrorisme. Elle a 14 ans…
Toujours à Nantes. Décidément… Un lycéen
publie sur son mur Facebook une caricature qu’il trouve
particulièrement « marrante » selon ses
propres termes. En juillet 2013, Charlie Hebdo sort une couverture
qui montre un Egyptien se faire trouer de balles malgré un
Coran tenu devant lui avec la légende « Le Coran,
c’est de la merde, ça n’arrête pas les balles ».
Le lycéen trouve sur Internet une parodie de cette caricature
qu’il publie. Elle montre un journaliste tenant ce même
exemplaire de Charlie Hebdo, troué de balles, avec la légende
« Charlie Hebdo, c’est de la merde, ça
n’arrête pas les balles ».
Quelques jours plus tard, il est interpellé par la police
chez lui et placé en garde-à-vue puis déféré
le lendemain. Le parquet, requiert son placement en liberté
surveillé et sa mise en examen pour apologie du terrorisme. Il
a 16 ans…
Quand des enseignants deviennent des auxiliaires de police
La palme de l’hystérie collective revient
incontestablement à ce chef d’établissement qui se
reconnaîtra. L’histoire est racontée par une
éducatrice chargée de recevoir les mineurs déférés
en comparution immédiate. (2)
Jeudi 8 janvier. Un collégien fait une minute de silence
avec sa classe en hommage aux victimes des attentats. Vendredi, le
professeur de français propose à ses élèves
un débat sur ce qui vient de se passer. N’ayant pas bien
compris qu’il s’agissait autant d’un piège que d’une
réelle volonté de débattre avec les élèves,
l’enfant lève la main et dit « ils ont eu
raison ». Au lieu de demander des explications, d’écouter,
puis d’expliquer comme tout bon professeur aurait dû le
faire, le censeur lui ordonne immédiatement : « si
tu penses ça, sors de ma classe ».
La suite est hallucinante.
L’élève se rend chez la Conseillère
Principale d’Education qui lui explique pourquoi il était
interdit de penser que les terroristes « ont eu raison ».
Dimanche, l’enfant va à son match de foot. Il fait une
minute de silence avec ses camarades. « C’était
bien, on était tous en rond, on se tenait par le cou »,
raconte-t-il.
Lundi matin à l’école, il est convoqué chez
le principal. Mardi matin, il est re-convoqué. L’enfant
s’excuse et exprime ses regrets.
Mardi, le principal le convoque à nouveau, avec ses parents
cette fois. Il leur apprend que leur enfant est exclu pour une
semaine, « une mesure conservatoire »… En
attendant le conseil de discipline où il risque une exclusion
définitive.
Mercredi, le principal, grand pédagogue devant l’éternel
va porter plainte contre l’enfant au commissariat.
Jeudi, l’enfant et ses parents se rendent à la
convocation de la police « pour être entendu ».
L’enfant est alors arrêté et placé en
garde-à-vue.
Il va passer 24 heures dans les geôles de la république
nationale socialiste.
Vendredi matin, menotté, il est présenté au
juge pour une mise en examen d’apologie du terrorisme.
A 14 ans, l’âge où les adolescents sont en pleine
puberté, où ils sont en train de construire leur
repères, où ils pensent plus aux filles qu’à
la politique ou à leur avenir. A 14 ans, cet enfant aura connu
l’enfermement dans une cellule, la garde-à-vue, les
menottes, l’audition devant un juge… Pour 4 mots…
4 mots de trop qui vont probablement lui valoir une condamnation
qui le suivra tout au long de son existence. 4 mots qui lui vaudront
d’être fiché parmi les auteurs d’infractions à
caractère terroriste. 4 mots qui vont foutre toute sa vie en
l’air.
Ce qui est particulièrement révoltant dans cette
histoire, outre le caractère totalement disproportionné
de la procédure compte tenu de l’âge du présumé
futur terroriste, c’est le véritable piège tendu par
l’école aux enfants qu’elle est pourtant censée
éduquer et protéger.
Cet enfant ne demandait rien à personne. Il ne s’est pas
exprimé dans la rue, ou même sur Internet. Il a
simplement répondu à une question de son professeur.
Alors que l’école devrait être un lieu de
pédagogie, d’explications, de dialogues, nos gouvernants
socialistes, bien aidés en cela par certains fonctionnaires
zélés, sont en train de la transformer en lieu de
délation et de répression, bientôt en un vaste
camp de ré-éducation pour 12 millions d’enfants.
Le plus grand hold-up de l’histoire après celui du 11
septembre
Au nom de la préservation de la liberté
d’expression, l’état socialiste est en train de réaliser
le plus grand hold-up de l’histoire sur nos libertés
fondamentales. Juste après celui de Bush le 11 septembre 2001.
Le raisonnement est le suivant : les terroristes ont voulu
faire taire Charlie Hebdo donc la liberté d’expression. Ceux
qui ne condamnent pas les terroristes sont par conséquent
contre la liberté d’expression. Ils doivent être
jugés, enfermés et privés de liberté,
notamment d’expression. C’est logique ? Non, c’est
totalitaire, stupide et totalement incohérent, bref,
socialiste.
Deux poids de mesures ? Oui, parfaitement, c’est exactement
cela. Qu’un enfant dise 4 mots de trop, il est broyé,
détruit, marqué à vie au fer rouge.
Pendant ce temps, Charlie Hebdo publie une nouvelle caricature qui
provoque des dizaines de morts, des émeutes dans plusieurs
pays, des drapeaux français brûlés à
travers le monde, ça s’appelle la « liberté
d’expression ».
Ils n’ont pas tué Charlie
Charlie Hebdo n’est pas mort. Avec plus de 7 millions
d’exemplaires à 3 €, ils sont en train de ramasser
l’équivalent de plusieurs années de chiffre
d’affaires avec un seul numéro.
C’est la liberté qui est morte ce 7 janvier 2014. Valls,
futur candidat à la primaire socialiste pour les prochaines
présidentielles a prévenu les enfants : « votre
génération doit s’habituer à vivre avec ce
danger pendant un certain nombre d’années » (3).
Tirant profit des attentats, le gouvernement socialiste est en train
de mettre en place la politique la plus répressive jamais
appliquée depuis le régime de Vichy.
Leur but est simple. Après avoir imposé au pays une
minute de silence, ils vont nous imposer 2 ans et demi de silence, le
temps d’arriver aux prochaines présidentielles. Je ne vous
fais pas de dessin, C’est devenu trop dangereux de dessiner. Soit
vous tombez sous les balles de terroristes, soit vous tombez dans les
geôles de la république socialiste laïque.
La dictature c’est maintenant.
MAJ: Le 28 janvier, on apprend qu'un enfant de 8 ans a passé
2 heures dans un commissariat et qu'il est poursuivi, selon son
avocat, pour "apologie d'actes de terrorisme".
http://philippealain.blogspot.fr/
(1)
http://urlz.fr/1ndM
(2)
http://rue89.nouvelobs.com/2015/01/20/apologie-dacte-terrorisme-jai-leve-main-jai-dit-ils-ont-eu-raison-257212
(3)
http://rmc.bfmtv.com/point-de-vue/terrorisme-votre-generation-doit-s-habituer-a-vivre-avec-ce-danger-dit-valls-aux-lyceens-641942.html