Source : http://www.lejdd.fr/Election-presidentielle-2012/Actualite/Bilan-de-la-campagne-electorale-504059/
La campagne électorale prend officiellement fin ce vendredi soir. Entamée depuis plus d'un an par François Hollande, et moins de deux mois par Nicolas Sarkozy, elle a déçu les Français. Leurs priorités ont été oubliées, les grands enjeux mis de côté. Conséquence : l'abstention pourrait être forte.
Les Français ont tourné le dos à la campagne électorale.
Sur ce sujet au moins, tous les sondages sont unanimes. Et, fait plus rare encore, les politiques aussi. Les Français sont déçus par la campagne électorale. Moment fort de la vie démocratique, l'élection présidentielle n'a pas répondu à leurs attentes. La crise est passée par là, et a ramené les candidats à la réalité. François Hollande a dû troquer l'idéalisme de gauche contre le pragmatisme social-démocrate. Nicolas Sarkozy a enlevé son costume de candidat du pouvoir d'achat pour endosser celui de père la rigueur. Pas d'argent, pas de promesse, donc pas de ferveur.
Début janvier, la France perd son triple A, et la lutte contre les déficits publics semble alors s'imposer comme le thème principal des derniers mois de campagne. Aujourd'hui, les favoris n'en parlent plus, laissant François Bayrou et les petits candidats brandir la menace d'une rétrogradation de la France sur l'échiquier mondial. Bien que conscients des difficultés traversées, on peut s'interroger sur la volonté des Français d'un grand débat économique. En témoigne l'échec de la campagne du centriste, qui en a fait son cœur de campagne.
Le halal plutôt que le pouvoir d'achat…
Les électeurs n'avaient que trois mots à la bouche : emploi, logement, pouvoir d'achat. Leurs priorités n'auront été évoquées qu'au compte-goutte. Qui pour citer une mesure forte de François Hollande sur ces thèmes? Et de Nicolas Sarkozy? L'actualité a aussi sa part de responsabilité dans ce décalage entre les deux principaux aspirants à la fonction suprême et les Français. L'affaire Merah est passée par là. Avec elle, les questions de sécurité et d'immigration sont revenues sur le devant de la scène. Nicolas Sarkozy, à la peine dans les sondages, s'est engouffré dans la brèche et n'en est plus sorti, trop content de trouver là un terreau propice à ramener vers lui les électeurs du Front national qui lui ont offert la victoire en 2007.
Mal à l'aise sur ces thèmes régaliens où Nicolas Sarkozy a une crédibilité qui lui est supérieure, François Hollande a alors dégainé sa proposition de réforme du permis de conduire. Le lendemain, dans le JDD, Nicolas Sarkozy annonce la sienne. Et pendant une semaine, le petit papier rose est au centre du débat. Important, mais loin du niveau que l'on est en droit d'attendre d'une élection présidentielle. Même remarque pour le halal, qui a alimenté la controverse pendant des jours et des jours. "La polémique n'a pas lieu d'être", avait pourtant affirmé Nicolas Sarkozy depuis Rungis. Avant de tomber dedans lui aussi. Comme les autres. Comme les médias.
Contraints au réalisme, les grands candidats ont laissé le terrain de l'espoir à ceux qui n'ont pas à craindre de ne pas tenir leurs promesses. Ni à rendre des comptes. Bien qu'il assure le contraire, Jean-Luc Mélenchon sait qu'il ne sera pas président. Alors il annonce un Smic à 1.700 euros net ou une taxation à 100% des revenus supérieurs à 360.000 euros. "Le rêve français" de François Hollande a vécu. Place au "rêve rouge" à la sauce Mélenchon. Le leader du Front de gauche a profité de la morosité de la campagne pour s'imposer. Le troisième homme, ça ne sera pas François Bayrou, lui qui n'a que la dette à la bouche. Ce ne sera peut-être pas Marine Le Pen, elle qui ne jure que par la fin de l'immigration. Ce sera peut-être Jean-Luc Mélenchon, lui qui promet la révolution.
Benjamin Bonneau - leJDD.fr
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire