vendredi 26 novembre 2010

Médecine générale : l'Elysée se penche sur la santé des français. Des mesures fortes, audacieuses et pragmatiques dès 2011.

Sur la base du rapport de 200 pages, remis vendredi à Nicolas Sarkozy par Elisabeth Hubert, et suite aux recommandations du chef de l’état qui souhaitait que l’on s’engage résolument vers la simplification et la modernisation de notre système de santé, de nouvelles mesures en vue d’améliorer l’exercice de la médecine libérale et de traiter la question de la pénurie de médecins (désert médical) vont être proposées et mises en place.

Préambule : la réalité actuelle.
- La France, qui était première en classe a pris un sacré retard.
- Les patients ont des difficultés "réelles" à accéder à une offre de soins "en un temps court et à des conditions financières acceptables".
- Les médecins libéraux ressentent un"ras-le-bol" qui conduit les plus âgés à dévisser leur plaque et les plus jeunes à refuser de s'installer, et déplorent une "mauvaise répartition" entre généralistes et spécialistes.

Des mesures audacieuses et pragmatiques dès 2011
L'exercice de la médecine générale,
- le regroupement de médecins et autres professionnels en "maisons de santé" ou de "pôles de santé",
- "simplification " et "modernisation des systèmes d'information favorisant l’exercice regroupé des professionnels : télémédecine et partage électronique d'informations médicales,

Aide à l'installation : refonte du système de rémunération
Des consultations à prix variable
"valoriser le diagnostic à sa juste valeur", graduation des honoraires en fonction de l'acte."Il ne s'agit pas de faire plus payer la consultation valorisée à sa juste valeur",
"Quand on a un acte court, hypersimple, la valeur peut être plus faible. Pour une démarche plus longue, la valeur doit être plus importante et bien évidemment les patients doivent en être remboursés",

L'incitation à l'installation de praticiens généralistes dans les "déserts médicaux".
Comment traiter cette mauvaise répartition des jeunes médecins, concentrée dans les centres hospitaliers universitaires (CHU) et qui n'est donc pas conçue pour les orienter vers la médecine générale ?.
- financement des jeunes internes qui s'implanteront dans des régions et des départements où il n'y a pas de médecins"
- créer un fonds géré par la Caisse des dépôts et consignations, pour garantir la reprise de l'investissement médical en cas de départ.
- mise en place dans les zones les plus démunies une "mission de service public" assortie d'une rémunération fixe spécifique, qui s'ajouterait au paiement des honoraires à l'acte.

Formation
- Réforme des études médicales permettant de réduire de six à cinq ans la durée des études avant internat et d'organiser à la faculté de "vrais stages d'initiation" à la médecine générale, hors CHU.

Urgences
- "repenser la permanence des soins", notamment en instaurant des plages horaires plus larges au sein des maisons et pôles de santé et un numéro de téléphone parallèle au 15 du Samu.

M. Sarkozy, qui avait souhaité que des "mesures fortes" soient prises dès 2011 en matière de simplification des conditions d'exercice, de modernisation des systèmes d'information, de soutien au regroupement, d'aide à l'installation et de formation en médecine générale, a demandé au ministre et à la secrétaire d'Etat à la Santé, Xavier Bertrand et Nora Berra, ainsi qu'à la ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, d'engager "très rapidement"des concertations avec les professionnels de la santé pour préparer ces mesures, a précisé la présidence de la République dans un communiqué.
Le chef de l'Etat doit lui-même illustrer ces priorités dès la semaine prochaine lors d'un déplacement, a ajouté l'Elysée.

Mon modeste commentaire.
Je voudrai ajouter à ces propositions concrètes et courageuses qu’une des principales causes du grincement de notre système de santé est due au manque de médecins entretenu par un corporatisme exacerbé éloigné des nouvelles réalités et qui a sanctionné notre système de santé ainsi que la qualité des soins.
Comme l’a justement souligné l’ex ministre de la santé et médecin Elisabeth Hubert, « la démographie de cette profession (fait) peser un réel danger sur toute l'offre de santé". et d’ajouter « dans dix ans, nous aurons 10% de médecins en moins ».
En effet, sous prétexte de sélection et de qualité, ces corporatismes et mandarinats ont empêché l’apport en suffisance de médecins sur le territoire en :
- aggravant le numerus clausus,
- en favorisant la médecine salariée aux dépens de la médecine libérale de proximité
- en allongeant à chaque fois et de façon irrationnelle les années d’études médicales de base et
- en empêchant des centaines de confrères français à diplômes étrangers ( souvent hyperdiplomés) de pouvoir mettre honorablement leurs connaissances et leurs savoir-faire au service de leurs compatriotes.
Ainsi, une des réponses à ce problème principal qui a affaibli notre système de santé, serait tout simplement un geste de bon sens et de réalisme qui consiste à réinjecter dans le circuit les centaines d'excellents médecins citoyens français à diplômes étrangers (UE et hors UE) ( Français, vivants en France, grabatairisés inutilement, frisant le gachis de franche myopie et qui mériteraient davantage de la république compte tenu non seulement de leur expérience acquise sur les bancs de la fac mais aussi sur le parcours du combattant traversé qui forge considérablement ces hommes et ces femmes ) sans compter les qualités humaines, professionnelles et diplomantes qui ne peuvent pas être mises en cause ou même en doute sous des pretextes injustes et surtout complexés. Une simple formation de 3 à 6 mois d’adaptation localement, avec engagement et après étude du dossier par les ARS, suffirait pour les rendre opérationnels sur le terrain et leur permettre d’exercer, à l’égal des autres confrères, la médecine de proximité ( diagnostic et soins de premier recours + prévention) et combler ainsi, en un tour de main et pour un bon moment, une grande partie du vide engendré par le désert médical et ses conséquences désastreuses ainsi que le traitement des nouvelles exigences de la prise en charge de la dépendance ( HAD, SAD et EHPAD). En ces temps difficiles ou chaque sou reçu ou dépensé compte, je ne pense pas que ces ajustements alourdiraient particulièrement la charge publique. Aux spécialistes d’y travailler.

NB : Ces médecins ont déjà pour la plupart d'entre eux 10 à 15 ans d'études Bac+ et beaucoup d'entre eux exercent sans problèmes, au Canada et aux USA, en Australie, pays dont le pragmatisme n'est pas leur point faible..

2 règles, à l’origine d’éventuelles lacunes actuelles de notre système et qui lui donnent du mal pour s’adaper aux nouvelles réalités de ce monde qui change et qui va vite, mériteraient d’être prises en compte pour aller mieux encore de l’avant :
"Lorsqu’on privilégie les corporatismes sur l'intérêt général, alors tout le système est tiré vers le bas".
« Trop de réglementations + trop de rigidité dans une institution ralentit le fonctionnement de celle-ci.


Dans les commissions de réflexion auxquelles j’ai assisté, je me plaisais à répéter à mes interlocuteurs que nous devions réfléchir sur 3 points essentiels qui nous sont exigés pour faire avancer les réformes : 1/simplifier, 2/simplifier, 3/simplifier

Lecture recommandée : le pragmatisme et l'audacehttp://www.romandie.com/ats/news/101220164221.1ch17tu5.asp

Quelqus chiffres :
 Jusqu'à 290 000 hospitalisations seraient dues à des erreurs médicales
- Entre 160 000 et 290 000 admissions annuelles à l'hôpital seraient évitables, (ENEIS), (DREES) rendue publique le 25 novembre.
- Sur les 31 663 journées d'hospitalisation observées entre avril et juin 2009, 374 événements indésirables graves (EIG) ont été identifiés, parmi lesquels 177 ont été considérés comme évitables,
(Source :Les événements indésirables graves associés aux soins observés dans les établissements de santé. Etude de la DREES n°17, novembre 2010)

Quelques autres chiffres du système de santé(2008)
- Population : 63 578 millions d'habitants
- Le PIB de la France : 1.970 milliards d'€
- Le montant des dépenses courantes de santé s'élève à 206,5 milliards d'€ (10,9 % du PIB)
- La consommation de soins et biens médicaux atteint 163,8 milliards d'€ (8,7 % du PIB)
- La part de la consommation de soins et biens de santé dans la consommation des ménages est environ de 12 %
(Sources : Les Comptes Nationaux de la santé en 2007, DREES N°655 - septembre 2008, Eurostat 2008, INSEE 2008)

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